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Sur un air d’autoroute

David Richard

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Les aires d’autoroutes du sud de la France sont, pendant la période estivale, des « non lieux » extrêmement fréquentés de jour comme de nuit. Là, le flux autoroutier s’incarne le temps d’une halte. Le véhicule, sorte de prolongement de l’habitat, donne à voir ses occupants, libérés pendant quelques minutes de leur siège. L’aire de repos devient le théâtre de scènes de vie à la fois banales et extraordinaires par la juxtaposition des situations, des nationalités, des classes sociales et par le lieu même où se jouent ces instants de vies. Ce qui fait la spécificité de ces espaces, c’est l’état d’esprit dans lequel nous les abordons. Ils jalonnent le « ruban » autoroutier et quand nous nous y arrêtons, ils sont pour nous une forme de rupture : rupture avec le flux hypnotique de la route mais également, l’été, rupture avec le train-train du quotidien. Chaque halte sur une aire accompagne un changement d’état, le travailleur devient peu à peu un vacancier. Certes été comme hiver, on y trouve des travailleurs, routiers, VRP, etc., dont les aires sont un peu le jardin, la terrasse ; ils y ont leurs habitudes. L’été, ils partagent leur parking avec le reste de l’humanité.